Le paysage automobile mondial pourrait connaître un bouleversement majeur. Selon des informations divulguées par le Nikkei et confirmées par plusieurs sources, les géants japonais Honda et Nissan ont entamé des discussions préliminaires en vue d’une possible fusion. Cette alliance stratégique répondrait à une pression concurrentielle accrue, notamment face à l’essor des véhicules électriques et à la montée en puissance de constructeurs internationaux.
Ces négociations, qui ont débuté dès lundi, explorent différentes pistes pour renforcer la collaboration entre les deux constructeurs. Outre l’examen d’une simple coopération technologique, la création d’une holding et, point culminant des discussions, l’éventualité d’une fusion complète sont sur la table. L’intégration de Mitsubishi, dont Nissan détient déjà 24% des parts, est également évoquée, ouvrant la voie à une alliance encore plus vaste.
Une fusion entre Honda et Nissan donnerait naissance à un mastodonte industriel pesant 54 milliards de dollars (51,41 milliards d’euros), avec une production annuelle estimée à 7,4 millions de véhicules. Ce nouveau géant se hisserait au troisième rang mondial en termes de ventes, juste derrière les leaders Toyota et Volkswagen. Cette union permettrait aux deux entreprises, actuellement respectivement deuxième et troisième constructeurs automobiles japonais, de mutualiser leurs forces, notamment en matière de recherche et développement, et de rivaliser plus efficacement avec Toyota, le numéro un incontesté au Japon.
L’annonce de ces discussions a eu des répercussions immédiates sur les marchés financiers. À la Bourse de Paris, l’action Renault, actionnaire important de Nissan, a bondi de 6,7%. Les analystes d’Oddo BHF estiment que ce rapprochement pourrait être une opportunité pour Renault de céder une partie de sa participation dans Nissan, voire de trouver un nouveau client pour sa division Ampère dédiée aux véhicules électriques. Du côté des constructeurs japonais, l’action Nissan a grimpé de près de 24% à la Bourse de Tokyo, tandis que celle de Mitsubishi s’est envolée de près de 20%, témoignant de l’enthousiasme des investisseurs face à cette perspective. L’action Honda a quant à elle légèrement baissé de 3%.
Cette potentielle fusion intervient dans un contexte de profonde mutation du secteur automobile. Face à la concurrence accrue des constructeurs chinois, notamment BYD, et à l’impératif de la transition vers les véhicules électriques, Honda et Nissan ont déjà amorcé un rapprochement stratégique. En mars, ils ont conclu un partenariat pour le développement de véhicules électriques, suivi en août d’un accord sur les batteries et autres technologies. Ces initiatives témoignent d’une volonté commune de s’adapter aux nouvelles réalités du marché, marquées par une perte de parts de marché en Chine, un marché crucial où se réalisent près de 70% des ventes mondiales de véhicules électriques.
Pour Nissan, en particulier, cette coopération renforcée semble revêtir un caractère d’urgence. Le constructeur a récemment annoncé un plan d’économies drastique de 2,6 milliards de dollars, comprenant la suppression de 9 000 emplois et une réduction de 20% de sa capacité de production mondiale, face à une baisse de ses ventes en Chine et aux États-Unis. Cette situation a entraîné une chute de 85% de ses bénéfices au deuxième trimestre.
L’ampleur de cette potentielle fusion en ferait l’une des plus importantes de l’histoire de l’industrie automobile, comparable à la fusion à 52 milliards de dollars entre Fiat Chrysler et PSA qui a donné naissance à Stellantis en 2021. Si elle se concrétise, elle devra faire l’objet d’un examen approfondi, notamment aux États-Unis, où les deux constructeurs produisent des véhicules destinés au marché américain.
Enfin, il est important de noter que la société taïwanaise Foxconn, connue pour la fabrication des iPhones d’Apple et désireuse de se diversifier dans la production de véhicules électriques, avait approché Nissan en vue d’une prise de participation majoritaire, offre qui a été rejetée par le constructeur japonais.
En conclusion, les discussions en cours entre Honda et Nissan pourraient redessiner profondément le paysage automobile mondial. Cette potentielle fusion, motivée par des enjeux économiques et technologiques majeurs, représente un tournant potentiellement historique pour l’industrie automobile japonaise et mondiale.